Grande Mulette

Pseudunio auricularius (Spengler, 1793)


La Grande mulette, disparue puis redécouverte récemment dans la Charente (Photo : P. Jourde)

STATUT

  • Directive habitat : Annexe IV
  • Protégée au niveau national
  • Liste Rouge Mondiale : En Danger Critique d'Extinction
  • Liste Rouge Nationale : Vulnérable

REPARTITION

En France

Autrefois largement répartie en Europe, cette espèce a régressé de façon si importante qu’on a jusqu’à récemment cru que l’espèce était éteinte au plan mondial. Redécouverte dans le bassin de l’Ebre, en Espagne, dans celui de la Loire et récemment dans celui de la Garonne, la Grande Mulette demeure en situation extrêmement précaire.

Carte (Muséum national d’Histoire naturelle [Ed]. 2003-2006 . Inventaire national du Patrimoine naturel)

Sur le site Natura 2000

La Grande Mulette était autrefois très commune sur le fleuve Charente et sur la rivière Seugne au point que sa pêche alimentait des usines de nacre situées à Angoulême. Des équipes professionnelles draguaient la Charente et arpentaient la Seugne à la recherche des plus grosses coquilles.

L’arrivée des nacres d’origine asiatique et l’effondrement des stocks ont sonné le glas de l’exploitation de l’espèce qui semblait avoir disparu comme ailleurs en France durant la première moitié du 20e siècle.

Retrouvée vivante en 1998 sur le fleuve Charente, la Grande Mulette a récemment fait l’objet de prospections visant à quantifier ses populations. Il s’avère que le fleuve Charente héberge la principale population mondiale. Le site Natura 2000 du Val de Charente et Seugnes a donc une importance capitale pour l’espèce !

DESCRIPTION

  • Taille : 18-21 cm
  • Poids : 200-300 g
  • Description : Valves de grande taille, très épaisses en forme de rein, couverte d’une sorte de revêtement noir
  • Longévité : Plus de cent ans ?

HABITATS FREQUENTES

Fleuve et grandes rivières à courant lent, dans les zones rocheuses, caillouteuses ou graveleuses.

BIOLOGIE

Période de présence

Adultes relativement sédentaires, calés dans les sédiments dans des bancs de cailloux et de galets. Larves mobiles, fixées aux branchies de poissons.

Reproduction

La biologie de l’espèce est encore très largement méconnue. Les mâles relâchent leur semence en pleine. Les femelles sont fécondées à distance. A l’éclosion des œufs, s’échappent de petites larves munies de crochets. Pour poursuivre leur développement, elles doivent atteindre des poissons, s’accrocher à leurs branchies et s’enkyster. Des incertitudes demeurent sur l’identification de l’espèce normalement visée. Il pourrait s’agit d’un poisson migrateur, dont la rareté actuelle expliquerait l’effondrement dramatique des stocks de Grandes Mulettes (Saumons, truites de mer, esturgeon, Aloses...). Une fois transformée en bivalve, les Grandes Mulettes s’installent dans des sédiments meubles. La maturité sexuelle est probablement atteinte après plusieurs années, voire dizaines d’années.

Régime alimentaire

Les adultes filtrent l’eau à la recherche de phytoplancton. Les larves parasites les branchies de poissons.

MENACES

  • Artificialisation des cours d’eau (fermeture par barrage, rectification du cours, altération des cycles naturels du fleuve) ;
  • Opérations de dragage et remise en suspension des vases ;
  • Colmatage des zones caillouteuses par des sédiments (augmentation de la charge en sédiments par l’agriculture intensive en bord de cours d’eau, diminution du courant par amoindrissement du débit) ;
  • Altération de la qualité et de la ressource en eau (pollutions d’origine agricole, urbaine ou industrielle) et diminution de la nappe d’eau par les pompages agricoles) ;
  • Surpopulations d’espèces allochtones prédatrices ou concurrentes (Corbicules, Ecrevisse de Louisine ?).

PRECONISATIONS DE GESTION

  • Restauration du fonctionnement naturel des cours d’eau (élimination du barrage de Saint-Savinien) ;
  • Création de bandes d’herbes en bordure des cultures pour éviter le lessivage des sols nus (labours) par les pluies, replantation des haies dans le bassin versant, restauration des ripisylves (maintien des berges et ressource alimentaire) ;
  • Limitation des prélèvements d’eau par les cultures irriguées pour permettre un débit suffisant ;
  • Restauration des stocks de poisson hôtes (mise en œuvre de mesures favorables aux poissons migrateurs).

Rédacteur de la fiche : Philippe Jourde - LPO 2007