Le marais de l'Anglade fait peau neuve.
Le marais de l’Anglade, 90ha de marais tourbeux alcalin, est inondé 10 mois sur 12. Il constitue l’un des plus importants et originaux foyers de biodiversité du site Natura 2000 « Moyenne Vallée de la Charente, des Seugnes et du Coran) dont la LPO est animatrice depuis 1996.
Entouré d’une épaisse aulnaie-frênaie, ce milieu humide passe inaperçu… et pourtant, il fut le cœur d’une intense activité humaine jusqu’au siècle dernier. L’exploitation de la rouche notamment (nom local du cladium mariscus, une plante coupante pouvant atteindre 2 mètres de haut), organisait l’espace : d’abord sous forme de communs (parcelles communales, ouvertes à tous sous certaines règles) puis sous forme de parcelles privées.
Mais 60 ans d’abandon ont accéléré la dynamique végétale : la densité croissante de la rouche, devenue dominante, élimine les espèces fragiles et rares : Euphorbe des marais, Gratiole officinale, Orchidée palustre... L’Anglade se boise lentement et se banalise, ressemblant désormais à un impénétrable mur de végétation aux feuilles coupantes comme une lame de rasoir, phénomène accentué par les prélèvements d'eau agricoles alentour, la baisse du niveau de la nappe et, peut-être, de premiers effets des changements climatiques globaux (baisse attendue des précipitations sur le bassin versant de la Charente ; source : SAGE Charente). Au cladium mariscus suit la bourdaine, puis le saule, et enfin le frêne.
En 2009, la LPO, gestionnaire du site Natura 2000, a réussi à entrainer 3 propriétaires de parcelles sur le marais de l’Anglade : deux contrats ont été passés avec la commune de Les Gonds et la Fédération des pêcheurs de Charente-Maritime, et un agriculteur a confié la gestion de ses parcelles sur le marais à la LPO. Le but du jeu ? Entamer des travaux de restauration du milieu. Une première phase fut la redécouverte des parcelles perdues sous la rouche, une deuxième phase fut la réouverture de ces parcelles, sur une superficie de 7 hectares.
Cette année, une nouvelle phase de travaux est prévue : en priorité l’entretien des espaces précédemment restaurés, puis, si la météo le permet, la restauration de deux nouvelles parcelles qui était prévue en 2014 mais n’a pu être conduite en raison de la remontée précoce des niveaux d’eau. Le SIE Val de Saintonge, entreprise d’insertion chargée des travaux, est déjà sur le terrain : elle est à présent en train d’effectuer une coupe de la rouche revenue sur les parcelles anciennement dégagées.
Cette année, les outils de fauche traditionnels (faucheuse, chevaux) ne sont malheureusement pas disponible : ce petit tracteur fait l'affaire !
Au total, ce ne sont pas moins de 10,8 hectares qui seront à nouveau entretenus en 2016 à l’Anglade, ainsi que, si possible 1,5 ha nouvellement restaurés… Et nous comptons sur vous, propriétaires de parcelles du marais, pour nous aider à continuer ces actions de restauration du milieu ! Les contrats Natura 2000 sont des outils qui permettent d’associer les propriétaires fonciers d’un site Natura 2000 à la restauration et protection des milieux concernés. Le point fort de ces contrats… c’est que les coûts engagés pour les travaux sont remboursés à 100% ! N’hésitez plus pour vous engager dans la protection des milieux humides, le marais de l’Anglade est actuellement en pleine effervescence.
Ces travaux de réouverture sont très conséquents et engagent nombre d’acteurs. Afin qu’ils soient à la fois efficients et pérennes, l’étape suivante sera de lancer une étude sur l’hydrogéologie du marais, afin d’identifier précisément comment éviter son assèchement progressif.
Photographies A.ORSEAU/LPO